A propos de Christophe Haleb

À la rencontre d’une jeunesse purielle et en éclats


Après une adolescence marseillaise et un long parcours de danseur et de chorégraphe dans l’hexagone et en dehors, Christophe Haleb est revenu s’installer et travailler à Marseille depuis une vingtaine d’années avec La Zouze, sa compagnie créée en 1993.

À partir de 2010 il ouvre un nouveau cycle de recherche et d’écriture plus en phase avec le réel qui fait se croiser les images en mouvements avec ses investigations urbaines et au plateau (FAMA, installation performative 2013), avec la danse comme médium transversal aux modalités de rencontre, de partage des savoirs, de curiosité de l’autre, avec le désir de donner forme à la subjectivation des plus jeunes (ENTROPICO, série de courts métrages réalisés à Marseille, La Havane et Fort-de-France entre 2017 et 2019,  et ENTROPIC NOW projet ciné-chorégraphique qui se déploie depuis 2017).

Ces jeunes forcément pluriels cherchent le mode sur lequel ils deviennent sujets de leur vie, ils s’éveillent, dissonent, bidouillent, parfois naïvement et de façon péremptoire, dans un rapport immédiat au monde, au niveau sensoriel, verbal, énergétique, émotionnel, et social.

Christophe Haleb réalise ainsi plusieurs films documentaires en collaboration avec des adolescents et de jeunes adultes de plusieurs villes, en France et dans le monde (ETERNELLE JEUNESSE, série de moyens et longs métrages 2022-2028). Valence, Lyon, Amiens, Pont-Saint-Esprit, Uzès, Paris, La Havane, et d’autres villes encore que Christophe Haleb souhaiterait explorer, sont autant de lieux d’ancrage pour autant de réalités et de récits différents.

Cette nouvelle génération éclatée et immédiatement mondiale, exposée aux fièvres numériques et au fatalisme des aînés, cette jeunesse du monde, dans son indéfinition nous parle de danse et de catastrophe écologique, d’hédonisme, de géopolitique et de féminisme, de « body positivity »… de quelque chose d’encore éclaté et qui soulève peu à peu cet univers de peurs enfouies.

En allant les retrouver sur leurs terrains, écouter ce qu’ils ont à en dire, Christophe Haleb cherche à construire avec eux, en pratique et en mouvement, quelque chose qui pourrait ressembler à la chorégraphie d’un avenir commun dans le déploiement d’une danse plurielle. À partir de temps de repérage où s’observent la manière dont le corps s’imprime dans un environnement et la manière dont un environnement s’imprime dans le corps, se construisent des moments de confiance et d’échanges, de paroles, de danses, de manières de bouger, de marcher, d’apprendre, d’activer l’imaginaire, et de se faire des films.

Ce projet au long cours donne à voir comme à entendre une jeunesse multiple et hétérogène et offre l’occasion au chorégraphe d’affirmer la tendre puissance de son regard cinématographique.