Rokia Traoré est une voix très malienne pour la puissance et le timbre, mais volontiers folk pour la vertu du retrait et de la précision, et tout aussi rock dans son goût de la rencontre, de la turbulence et du choc. Ce qui la marque à jamais ? Aux armes et cætera de Serge Gainsbourg, que son père mettait très fort le matin, un 33 tours d’Ella Fitzgerald, les albums de Joan Baez, Tracy Chapman, Mark Knopfler, mais aussi Ali Farka Touré ou des cassettes de griots quand, plus tard à Bamako, ses amis maliens n’écoutent que du rap. Si Rokia Traoré est vue comme une icône de la world music, célébrée pour l’élégance d’une musique incarnant la culture sans frontières du nouveau siècle, elle est aussi par ses chemins singuliers – un spectacle écrit avec Toni Morrison et mis en scène par Peter Sellars, assimilation de l’héritage des griots, alors qu’elle n’appartient pas à leur caste – le symbole d’un Mali en mouvement. Au Festival d’Avignon en 2017, la chanteuse a donné un spectacle qui représente une nouvelle audace pour sa culture et sa carrière de chanteuse.