G.R.O.O.V.E. est né de plusieurs temps forts initiés dans l’espace muséal.
Le premier temps fort a eu lieu en mai 2019 au Palais de la Porte Dorée lors de la Nuit européenne des Musées, alors que s’y déroulait Paris-Londres; Music Migrations de 1962 à 1989. Cette exposition revisitait trois décennies de l’histoire musicale de Paris et Londres par le prisme des flux migratoires. J’ai trouvé intéressant de poursuivre ce parcours immersif à travers les cultures contestataires de 1990 à nos jours comme l’Electro, le Hip-Hop et le K.R.U.M.P., qui accompagnaient alors mon travail performatif.
Le deuxième temps m’invitait à clore l’exposition Opéra Monde; la quête d’un art total au Centre Pompidou-Metz en janvier 2020, qui se terminait par le film court Les Indes galantes. Forte de l’expérience vécue à l’Opéra Bastille à travers l’Opéra-Ballet du même nom, j’avais à coeur de rassembler dans une plus grande proximité les artistes et les publics, de mettre en lumière la dimension populaire de l’opéra.
Je garde cette forme initiale et la modifie en y renouvelant l’usage de la temporalité. Ce que j’avais conçu comme un moment unique de rituel s’inscrit maintenant dans un temps étiré, dans la durée.
Ici la lumière révèle les espaces d’ombres et de silence ayant trouvé refuge dans de multiples recoins, lieux de palabre entre le monde visible et l’invisible, où résonnent des voix, un dénouement des gestes, accompagnés par la distorsion de la guitare. Un monde en tremblement.
Comme dans les premières propositions, j’aurai à cœur de montrer mon travail filmique, chorégraphique et performatif, des courts métrages de films dansés, expérimentaux, sur les cultures de rue et de l’underground, de convier un DJ pour permettre au public d’aller au plus loin de ce que son ressenti lui permettra, jusqu’à participer à la hype qui entoure les artistes en performance, et à laisser venir sa propre danse dans un déploiement des sens.
Cette déambulation-performance réunit des artistes (luminariste, musicien, vocaliste, DJ et danseurs/danseuses) avec pour intention de réunir les cultures populaires, et de détourner codes et architecture des espaces pour se célébrer, se la raconter, dans un partage de gestes et de récits.
Je poursuis la réinvention d’une forme de rite, nécessaire à la réinvention d’une société en phase avec son contexte.
Bintou Dembélé, janvier 2023