j’aime l’idée que les idées chorégraphiques arrivent corps allongé
quand on va s’endormir
quand on somnole
j’aimerais faire un solo somnolant
qui s’inspire de ces états de latence
pour explorer l’hibernation et sa sortie
les ressacs du rêvassement et les cris du réveil
explorer le désir de la passivité
et bouger dans le sommeil
dans ce solo j’aimerais que le travail du cerveau soit aussi visible que possible
que ce soit cela qui affleure
je me demande bien pourquoi je n’ai jamais chorégraphié de solo
quand j’étais petit je m’entraînais à siffler à chaque récréation
pour pouvoir ensuite imaginer un concert entier de sifflet
j’ai surtout sifflé de la musique classique
j’imagine d’abord un solo entièrement sifflé
fait de réminiscences mélodiques
et pour une fois
j’imagine aussi les lumières
première esquisse
des sorties de secours qui s’allument les unes après les autres
une sorte de drone volant qui m'éclaire en mouvement
et probablement une grosse source qui tombe de l’arrière scène
un contre-jour qui plonge vers les spectateurs
puisque tout va vers eux in fine
sommeil sonne probablement mieux que somnole
mais dans somnole le mot solo est déjà inscrit
alors je ne sais pas
Boris Charmatz, avril 2020